Florence Porcel ne nourrit plus les trolls

Florence Porcel est une twitteuse de la première heure, hyperactive, elle fait entre autres choses de la vulgarisation scientifique sur Youtube, mais aussi dans des vrais livres, et rêve d’aller sur Mars ! Bref, les trolls, hélas elle connait…

Vous connaissez l’adage « DON’T FEED THE TROLL ! »… Après quinze ans d’utilisation intensive d’Internet, dont dix ans d’hyper-présence sur Twitter, je me fais encore avoir… mais plus rarement. J’ai l’impression que plus on vieillit, moins on accorde de temps et d’énergie aux gens qui ne nous veulent pas du bien. Alors mon panier à provisions spécial trolls devient de moins en moins garni. L’objectif : le vider totalement et ne plus jamais le remplir !

Lorsqu’on est sur Internet dans une démarche altruiste, de partage, d’échange, et ce de manière transparente (vous me trouverez sous mes vrais nom, prénom et visage), le concept même du troll est insupportable. Sortir de nulle part, emmitouflé dans un parfait anonymat, envahir l’espace vital de quelqu’un de manière agressive et bruyante, et n’en partir qu’une fois tout saccagé et piétiné, et tout ceci totalement gratuitement, c’est le summum de l’absurde. Et comme la cohérence fait partie des valeurs qui me tiennent le plus à cœur, le fait que ça n’ait aucun sens ajoute de la colère à des nerfs déjà mis à rude épreuve.

Vous l’avez compris : pour une présence en ligne saine, il faut ignorer – sinon, c’est le cercle vicieux. C’est plus facile à dire qu’à mettre en œuvre, surtout quand lesdits trolls se transforment en harceleurs. Ça m’arrive à chaque fois que je m’exprime sur un sujet qui les met hors d’eux : le féminisme. J’en conclus que les trolls sont en grande majorité des personnes de sexe masculin paumés et fragiles.

Il y en a, parfois, de plus redoutables : comme ce petit groupe de potes qui, non contents de m’avoir prise pour cible pendant des années sur les réseaux sociaux, sont allés jusqu’à trouver mon numéro de téléphone pour me piéger, et mettre en ligne le canular (punissable d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende)…
Face à ce genre d’agissement, on se trouve seule et démunie. C’est vraiment très douloureux. Honnêtement, je ne sais pas par quel miracle j’échappe toujours à la dépression. Mais ce qui est le plus dur, je crois, c’est qu’on ne peut rien faire. Et après toutes ces années, je ne trouve aucune solution à ce fléau, à part s’autocensurer (ce que je fais, hélas, de plus en plus souvent) ou mettre fin à sa présence en ligne. Mais ce serait leur accorder la victoire.

Je ne nourrirai plus de trolls – pas même avec de l’arsenic virtuel. Ils sont, le plus souvent, plus à plaindre qu’à blâmer. Mais les mots peuvent blesser, voire tuer. La seule solution à ce problème de société, c’est d’agir en amont. Alors éduquons.

Retrouvez ce témoignage (page 75) et d’autres dans le manuel d’auto-défense #DompterLesTrolls