Face à la Ligue du LOL, le témoignage courageux d’Iris Gaudin
Aujourd’hui, 4 internautes adultes sur 10 affirment avoir déjà été harcelés en ligne, les trois quarts disent avoir été témoins de harcèlement sur Internet (« Online Harassment 2017 » Pew Research Center).
Dans ce contexte des témoignages comme celui d’Iris Gaudin, qui a été victime de la Ligue du LOL entre 2010 et 2012, sont précieux pour tenter de comprendre les mécanismes à l’œuvre et l’ampleur des dégâts causés, y compris à l’insu de la victime.
En effet, Iris Gaudin par son récit nous montre bien qu’il lui a fallu des années de recul pour prendre conscience que le harcèlement subi en ligne avait eu de telles répercussions sur sa vie personnelle et professionnelle.
Dans cet ouvrage, elle nous raconte de façon très sincère comment en voulant se lancer sur Twitter pour s’ouvrir des opportunités professionnelles elle s’est retrouvée piégée dans un cloaque composé de dénigrements, insultes, LOL et attaques sexistes. Elle ne se présente pas comme étant une pure victime irréprochable, mais simplement avec ses aspirations, ses faiblesses et ses maladresses. Ce témoignage est courageux car elle s’y expose, à la fois imparfaite, fragile, déterminée et naïve.
On y retrouve une galerie de portraits typiques : le rieur qui ne participe pas vraiment au harcèlement mais le commente et s’en amuse, le juge de touche qui attribue les points, le lâche qui ne se mouille pas se contentant de signaler les tweets à attaquer, le chef de bande qui assume sous son identité de mener la danse, le compte anonyme immonde – peut-être tenu par plusieurs harceleurs – qui se montre hyper violent et le compte « parodique » qui se fait passer pour la victime en la caricaturant de façon odieuse…
On touche aussi du doigt dans ce récit le choc qu’a dû être pour les harceleurs de la Ligue du LOL leur soudaine mise en lumière (les tweets étaient pourtant publics) avec une descente aux enfers inexorable. Quand le tribunal médiatique condamne il n’y a pas de recours possible, pas de défense entendable et les « rois de la cour de récré » qui ont bénéficié pendant des années non seulement d’une impunité totale mais aussi d’une aura de « gros durs » ont bien morflé et n’ont pas fini de payer les conséquences de leurs comportements (renvoi de leur média, réputation à jamais marquée…).
Pour toutes ces raisons et aussi parce qu’il est prenant et très bien écrit, cet ouvrage vaut vraiment la peine d’être lu !